Prix des Chirurgiens de l’Avenir 2017 dans le parcours Neurosciences.

3 questions à François Lechanoine

Publié le 11/01/2018

François Lechanoine, 30 ans, est interne en neurochirurgie au CHU de Tours. Il a reçu le Prix des Chirurgiens de l’Avenir 2017 dans le parcours Neurosciences.

Lechanoine

Sur quoi avez-vous travaillé au cours de votre année de recherche ?

J’ai mené une étude dans l’unité Inserm U930 (« Imagerie et Cerveau ») de Tours, en collaboration avec l’équipe de NeuroSpin (CEA, Gif-sur-Yvette) pour explorer le tronc cérébral humain à l’échelle de l’infiniment petit. L’objectif de cette étude préclinique était d’étudier la microstructure de cette région cérébrale extrêmement complexe, avec une précision de l’ordre de la centaine de micromètre. Grâce à une IRM offrant une résolution spatiale mille fois supérieure aux IRM classiques, nous voulons réaliser un atlas 3D du tronc cérébral à une échelle inédite en imagerie. Dans cette étude de la micro-anatomie, nous avons pu visualiser et délimiter les noyaux du tronc cérébral, ces centres nerveux qui permettent à l’homme de coordonner les mouvements du corps, de marcher, de bouger les yeux et les muscles du visage, de manger. Ils régulent aussi les grandes fonctions vitales telles que la respiration, les battements cardiaques, les cycles veille-sommeil ou encore l’attention et la vigilance. À terme, cet atlas pourrait être recalé sur des imageries chez des patients pour avoir une sorte de navigation, de GPS ultra précis, qui guiderait le geste du neurochirurgien.

Quelle est l’origine de votre vocation de chirurgien et pourquoi avez-vous souhaité faire de la recherche ?

J’ai toujours adoré bricoler et faire des choses de mes mains depuis que je suis petit. Ce n’était peut-être pas une évidence pour la chirurgie au début, je voulais m’investir utilement au sein de la société, aider les populations, ici ou ailleurs. Traiter les patients s’est imposé dans un premier temps, puis la vocation de chirurgien est arrivée, qui réunit mon goût pour tout ce qui est manuel et le soin aux autres. J’ai choisi la neurochirurgie parce que le cerveau est un territoire qui me fascine et qui reste également largement à explorer, d’où mon attirance pour la recherche. J’ai mené des travaux en neurochirurgie qui, je l’espère, devraient aider à améliorer notre compréhension de l’anatomie du tronc cérébral en descendant à des échelles inédites en imagerie 3D.

 

Que représente ce Prix des Chirurgiens de l’Avenir pour vous et comment envisagez-vous la suite de votre parcours ?

C’est une très belle récompense, à la fois à titre personnel et pour toutes les équipes avec lesquelles nous avons réalisé ce projet. C’est plus un commencement qu’un aboutissement. Cela m’ouvre des perspectives, comme cette année de Master qui m’a beaucoup apporté d’un point de vue tant professionnel que personnel. Échanger avec des spécialistes de toutes disciplines élargit le champ d’approche. Nous allons poursuivre cette recherche initiée sur l’atlas du tronc cérébral pour essayer de l’utiliser dans la vie de tous les jours en pratique clinique. Si nous franchissons toutes les étapes nécessaires pour l’adapter aux patients, cette connaissance ultra fine de la géographie du tronc cérébral pourra par exemple permettre de faciliter la pose d’électrodes dans le cadre de traitements par stimulation cérébrale profonde pour traiter des patients atteints de la maladie de Parkinson ou de certaines maladies psychiatriques. De plus, nous développons actuellement une application web à visée pédagogique sur le tronc cérébral, destinée à tout professionnel ou étudiant souhaitant acquérir les bases ou approfondir ses connaissances. Gratuite et accessible à tous, elle sera aussi disponible sur smartphone et tablette. Son adaptation a des casques de réalité virtuelle permettra une navigation interactive et immersive tridimensionnelle de l’apprenant dans l’anatomie du tronc cérébral.

10e édition des Prix des Chirurgiens de l'Avenir


Lechanoine Lechanoine Lechanoine Lechanoine Lechanoine Lechanoine