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le boom de la recherche en médecine des plus âgés

Vivre vieux et en bonne santé

Publié le 15/04/2019 Temps de lecture : 4 min

Passé le cap de 65 ans un homme à une espérance de vie de 84 ans et une femme d’un peu plus de 88 ans. L’INSEE décompte 21 000 centenaires en 2016, près de vingt fois plus qu’en 1970. Près d’un centenaire sur deux vit à domicile, soit seul, en couple, ou avec une autre personne que son conjoint

Vivre vieux et en bonne santé  – La recherche en médecine des plus âgés est en plein essor. Avec l’âge certaines pathologies deviennent plus fréquentes, des organes se fatiguent. Tout comme la pédiatrie a reconnu les particularités des enfants, la gérontologie s’est étendue à tous les domaines de la médecine qui s’intéressent désormais aux spécificités de la santé des seniors. C’est d’abord un refus de la fatalité du déclin. Vivre âgé, en bonne santé, est un défi  majeur de santé publique à notre époque.

VERS UN DÉPISTAGE PRÉCOCE DE L’ARTHROSE

 

L’arthrose des articulations est essentielle-ment une pathologie liée à l’âge. Elle peut être parfois silencieuse, ou provoquer des gênes pénibles pour accomplir les gestes de la vie quotidienne. Si elle ne met pas  directement la vie en danger, elle peut  détourner des sorties, donc désocialiser les personnes.

L’étymologie du mot arthrose en donne la définition : arthrosis, articulation en grec, le suffixe ose, état pathologique chronique. Elle désigne la dégradation du cartilage qui recouvre les extrémités des os au niveau des articulations pour amortir les frottements. Le sport intensif ou de haut niveau, des traumatismes articulaires, peuvent  accélérer l’usure prématurée du cartilage et apparaître tôt dans la vie. Mais les deux tiers des signes d’arthrose apparaissent beaucoup plus tard dans la vie. Pendant longtemps elle a été considérée comme une fatalité de l’âge, traitée essentiellement par des anti-douleurs, des infiltrations, la kinésithérapie, et finalement les prothèses de genou et de hanche, difficiles à envisager quand plusieurs articulations sont touchées. La culture de cellules du cartilage avait suscité de grands espoirs dans les années 1990, mais elle n’est toujours pas maîtrisée pour l’envisager actuellement en clinique pour traiter l’arthrose.

L’amélioration de la prise en charge d’une pathologie passe d’abord par une meilleure connaissance de sa genèse et un diagnostic précoce. Le docteur Jean-François Budzik et l’équipe d’imagerie de l’hôpital Saint-Vincent-de-Paul (Lille) se basent sur de récentes avancées de la recherche remettant en cause la seule explication mécanique. Les phénomènes inflammatoires et vasculaires sont étroitement intriqués. Le docteur Budzik s’intéresse donc à la vascularisation de l’os souschondral (sous le cartilage) du genou. Dans une étude précédente il avait montré une corrélation entre les modifications de la vascularisation et l’importance des lésions arthrosiques. La recherche actuelle vise à valider une technique d’IRM, « DCE » (dynamic contrast-enhanced) pour diagnostiquer une arthrose du genou débutante, invisible à l’imagerie classique.

Si les résultats précliniques sont confirmés, la vascularisation osseuse pourrait devenir un biomarqueur de l’arthrose et servir d’élément de suivi dans l’évaluation de futurs traitements.

INSUFFISANCE RÉNALE ET MALADIES ARTÉRIELLES

 

L’insuffisance rénale chronique n’atteint pas que les reins. Par ricochet, elle est à l’origine d’une augmentation du risque de maladies cardio-vasculaires : la mortalité par maladie cardio-vasculaire est de dix à trente fois plus élevée chez les personnes souffrant d’une insuffisance rénale terminale que dans la population générale, constate le professeur Marie Briet (CHU d’Angers).  Le profil de risque de ces patients est  atypique : les outils de prédiction habituels et les médicaments utilisés pour traiter les maladies cardiaques ou vasculaires ne sont pas suffisants pour prévenir la survenue de ces maladies chez les insuffisants rénaux. Par un mécanisme encore inconnu l’insuffisance rénale a une influence sur le remodelage des artères. Le professeur Briet travaille sur l’hypothèse d’une implication des toxines urémiques.

L’urémie est caractérisée par une accumulation de toxines  dans l’urée. Une étude préliminaire sur des cellules en laboratoire, indique que les  produits de dégradation de l’urée semblent avoir une influence néfaste sur les protéines impliquées dans le remodelage artériel. L’équipe d’Angers passe à l’étape suivante  in vivo pour mieux mettre en évidence ces interactions. Elle teste également un large panel de médicaments afin d’identifier des nouvelles stratégies de traitement.