Répondre aux besoins de greffe, une urgence pour de nombreux malades.
Publié le 06/07/2016
Cancers, hépatite C, insuffisance rénale, malformation cardiaque, œdème cornéen … de nombreux malades peuvent être concernés par une greffe d’organe.
Il s’agit d’un réel enjeu de santé publique car la greffe reste le traitement de référence pour certaines pathologies affectant organes et tissus, dont quelques-unes sont en augmentation dans la population. De plus, par rapport à un traitement lourd (on pense par exemple à la dialyse) la greffe est sans commune mesure en termes de qualité de vie pour le patient et a, de surcroît, un coût bien inférieur.
Si de récents changements législatifs ont facilité les dons d’organes, la pénurie reste importante et le nombre de patients en attente de greffe ne cesse de croître. Ainsi, seul un quart des 20 311 patients en attente ont finalement été greffés en 2014. Or, malheureusement, la pénurie de greffons, lorsque’il s’agit d’un organe vital, cause le décès de nombreux malades.
Pour répondre à cette problématique, la Fondation de l’Avenir intervient sur deux fronts. Tout d’abord, elle soutient des travaux de recherche sur le remplacement d’organes par bio-ingénierie et thérapie cellulaire. En parallèle, en attendant que ces recherches aboutissent, elle finance les recherches pour améliorer la durée de conservation des greffons tout en préservant leurs qualités.
Actuellement, seuls un tiers des 10 100 patients sous dialyse, du fait de graves problèmes rénaux et inscrits sur les listes d’attente ont reçu une greffe, dont 16 % à partir de donneurs vivants. On comprend dès lors les enjeux autour de la disponibilité des greffons et de leur compatibilité avec le receveur. Jusqu’à récemment (2012), la compatibilité des groupes sanguins (A, B ou O) entre donneur et receveur constituait un obstacle à la greffe. La recherche a permis de le dépasser et les greffes ABO incompatibles sont aujourd’hui possibles. Reste que d’autres critères biologiques entrent en jeu, comme la compatibilité immunitaire.
Le projet de recherche de l’équipe du docteur Gilles Blancho (Nantes) vise à rendre compatible le greffon de rein avec le receveur alors que donneur et receveur sont incompatibles biologiquement et physiologiquement. La technique développée est proche du principe de l’immunothérapie: on injecte dans le greffon des petites doses de cellules du rein du receveur pour produire des anticorps. On récupère ensuite ces anticorps que l’on réinjecte dans le rein du receveur. Autrement dit, on pré-immunise le receveur pour éviter que ses défenses immunitaires ne rejettent le greffon. Cette préparation permet également d’améliorer la vie du greffon après transplantation.
Les travaux du docteur Blancho redonnent espoir à toutes les personnes qui ne trouvaient pas de donneur compatible.
Les problèmes de cornée, du fait d’un traumatisme ou d’une maladie, sont la deuxième cause de cécité dans le monde. Dix millions de personnes seraient affectées. Au nombre de ces pathologies, l’œdème cornéen constitue à lui seul le tiers des indications de greffe en France. Cette pathologie, qui affecte la partie interne de la cornée (dite endothéliale), est causée par le décès prématuré des cellules cornéennes. Le seul traitement consiste à remplacer la partie centrale de la cornée par greffe.
Cependant, le nombre de greffons disponibles est trop bas pour couvrir l’ensemble des besoins et leur qualité trop faible. Bien entendu, les prélèvements de cornée ne peuvent s’effectuer que sur des patients décédés. Or, du fait de l’allongement de la durée de vie, les donneurs potentiels sont âgés et la qualité de leur cornée moindre.
La thérapie cellulaire, qui vise à régénérer les tissus à partir de cellules cornéennes, est l’une des voies thérapeutiques les plus prometteuses pour améliorer la qualité des greffons quel que soit l’âge du donneur. C’est cette direction que suit l’équipe du professeur Gilles Thuret (Saint-Étienne). Mais son objectif est encore plus prometteur : traiter de nombreux patients à partir d’un seul greffon. Pour cela il a mis au point une méthode originale de culture des cellules endothéliales cornéennes et seule une petite partie d’un greffon est enrichie en cellules cultivées en laboratoire. En 6 semaines, ce sont 300 millions de cellules cornéennes qui sont obtenues à partir d’une seule cornée, c’est-à-dire de quoi traiter théoriquement 300 patients. Le professeur entame la dernière étape de son projet en vue de la future la phase clinique : la technique pourra ensuite être largement appliquée.
En cinq ans, 41% d’augmentation du nombre de malades ayant eu besoin d’une greffe d’un organe vital (source: France Adot).
La Fondation de l’Avenir œuvre pour que les promesses de la recherche fondamentale se traduisent rapidement par une amélioration de la santé et une meilleure prise en charge des patients. Au titre de ces espoirs permis par la recherche, celui de la greffe est majeur et représente un enjeu de santé publique lorsque l’on sait qu’en 2014, seuls 25% des demandeurs ont pu bénéficier d’une greffe*.
En soutenant, grâce à vos dons, des équipes spécialisées du domaine, la Fondation encourage la recherche sur l’accessibilité à plus de donneurs, de meilleures conditions de conservations de greffons et sur l’amélioration des tolérances aux organes greffés.
*Source : Agence de la biomédecine