Cette nouvelle année qui démarre sera la 37ème de la Fondation de l’Avenir. Elle avait été créée pour pallier les manques de financements alloués à la recherche dans les hôpitaux et les cliniques privés participant au service public hospitalier, lorsque des transitions majeures se démarquaient déjà à la croisée des plans démographique, sanitaire, technique et technologique.
Ces transitions ont évolué en près de 40 ans, les attentes sociétales également et la prise de conscience écologique a eu lieu. Pour la première fois, la loi de financement de la sécurité sociale 2024, promulguée le 26 décembre dernier, s’est fondée sur un rapport produits et charges intégrant « deux nouveaux enjeux clés : la financiarisation du secteur de la santé et son empreinte carbone ». Y sont évoqués l’importance des programmes de recherche en santé environnement, l’urgence de nouvelles solutions face aux maladies chroniques qui représentent 2/3 des dépenses pour 1/3 des assurés, comme le fait que « dans un contexte encore marqué par les conséquences de la pandémie de Covid-19 sur la santé de la population et les parcours de soins, la politique de gestion du risque doit avoir pour objectif d’en limiter les effets […] particulièrement dans le cas de la santé mentale chez les jeunes, […] chez qui les prescriptions de psychotropes augmentent de manière très importante, appelant une réponse adaptée à ce défi majeur de santé publique ».
Pourtant, dans ce document de plus de 300 pages, le terme recherche n’est employé qu’une trentaine de fois : seulement quatre occurrences ont le sens d’étude scientifique pour développer ou évaluer de nouvelles prises en charge, ici, dans les domaines écologique et numérique, auxquelles s’ajoutent deux références à l’expertise de l’INSERM (sur l’activité physique adaptée). Pourtant, d’autres schémas évoqués auraient pu être attelés à l’évaluation que la recherche clinique peut apporter pour étayer l’efficacité des approches populationnelles, des « coopérations du binôme médecins-infirmiers [dans] la prise en charge des patients à domicile » ou encore du « positionnement du pharmacien comme acteur de santé de proximité » présentés comme essentiels. Tout autant de travaux de recherche médicale appliquée concernent les autres axes majeurs de la LFSS, pour améliorer la prévention, lutter contre les arrêts de travail, mieux prendre en charge le handicap, la dépendance des personnes âgées et aussi des personnes plus jeunes mais vulnérables.
L’année 2023 avait démarré avec une publication alarmante du professeur Alain Fischer, avec le think tank Terra Nova, sur l’état de la recherche en France. Gardons à l’esprit ses préconisations pour 2024, au moment où la Haute Autorité de Santé dressera le bilan de son dernier plan d’orientation stratégique qui avait déterminé ainsi ses priorités à partir de 2019 : « favoriser l’accès rapide et sécurisé à l’innovation, favoriser l’engagement des usagers, promouvoir des parcours efficients de santé et de vie, évaluer l’offre de soin et d’accompagnement au regard de la pertinence des pratiques et des résultats pour les personnes […] dans un cadre économique et financier contraint ».
Depuis 1987, la Fondation de l’Avenir a su toujours garder comme boussole de ses missions sociales le bénéfice concret au soignant et au patient, comme qualité la capacité de défricher des terrains non encore ou trop peu investis par d’autres et comme réalisation le renforcement des liens entre financeurs et acteurs de santé.
Les 4 axes à approfondir dans le nouveau projet de mandat du directoire de la Fondation de l’Avenir
En 2024, elle reviendra sur le chemin parcouru, à travers son rapport d’activité 2023 dans un format très visuel et aussi un ouvrage préparé par Charlotte Siney, historienne de la Mutualité. La Fondation poursuivra aussi son chemin, autour des grands rendez-vous de deux études sur l’état des lieux de la recherche et la place du patient, ainsi que de l’enquête désormais installée du Baromètre Recherche Médicale, confrontant les opinions du grand public et des professionnels de santé face à ces enjeux. Elle consacrera plus de deux millions d’euros sur son « axe 1 » de financement à de nouveaux projets ou programmes de recherche, notamment pour la santé des jeunes et la santé globale, et à plusieurs Prix remis aux chercheurs et porteurs d’innovation médicale, paramédicale et infirmière, en particulier lors de la 11ème cérémonie de ses Trophées en fin d’année.
C’est pour vous et avec vous, chercheurs, mécènes, donateurs, partenaires, autres acteurs engagés dans les fondations, dans la santé, que la Fondation de l’Avenir poursuivra le chemin. Ses fondations abritées et fonds de soutien y auront cette place particulière, qui permet qu’ensemble le périmètre des missions sociales puisse être couvert le plus largement possible et d’une manière de plus en plus visible. Des travaux seront menés en vue d’agrandir encore notre lisibilité, travailler nos complémentarités et mieux évaluer l’apport des recherches soutenues jusqu’à aujourd’hui.
Les défis ne manquent pas, pour adapter nos accompagnements des soignants souvent esseulés et parfois submergés, alors que le projet de loi « sur le modèle français de la fin de vie » cristallise des débats difficiles, pour lever les fonds nécessaires à leur soutien, alors que l’inflation et les charges sociales ou familiales pèsent sur la générosité publique depuis 10 ans, notamment chez les actifs, pour continuer d’œuvrer collectivement en faveur de politiques publiques nationales et européennes intégrant toujours l’impact sur la santé de nos concitoyens, plutôt que se trouver face à des exigences réglementaires toujours trop lourdes ou paradoxales pour nos organisations de l’économie sociale et solidaire, non-lucratives et méconnues.
Ces engagements sont portés par les 17 collaborateurs de la Fondation, ses 19 élus aux conseil de surveillance, directoire, comité de contrôle interne et comité financier, et 18 membres du conseil scientifique, auxquels s’ajoutent tous les membres des comités de pilotage et de gestion des structures sous égide ou encore les experts scientifiques sollicités tout au long de l’année sur les dossiers.
À eux et à vous, je souhaite une année 2024 sur l’essentiel, la connaissance et le progrès en santé pour toutes et tous.
Merci de votre contribution précieuse à la Fondation de l’Avenir, qu’elle soit ancienne ou plus récente.
Marion LELOUVIER
Présidente du directoire de la Fondation de l’Avenir