Cette semaine, la Fondation de l’Avenir souhaite mettre en avant les projets scientifiques soutenus dans les disciplines des sciences humaines et sociales.
Intégrer les sciences humaines et sociales dans nos réflexions
Les sciences humaines et sociales (dites SHS) s’intéressent largement aux questions de santé. La Fondation de l’Avenir se saisit de leur apport pour améliorer son soutien à la recherche médicale appliquée et accompagner les chercheurs dans l’interdisciplinarité, sur son périmètre d’activités propre, comme sur celui des fondations abritées.
Dans la continuité, l’intégration de la définition de la santé selon l’OMS dans son objet social a été acté à l’occasion de la réforme statutaire en 2023 : « La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité.»
Les sciences biomédicales s’appuient de plus en plus sur les sciences humaines et sociales pour appréhender l’objet de la santé dans une perspective globale. La Fondation a suivi également ce cheminement : si elle a d’abord mobilisé les sciences humaines et sociales pour mener à bien ses missions, elle soutient désormais à part entière des projets d’économistes, de psychologues et de sociologues, souvent interdisciplinaires, aux apports riches et variés.
Les sciences humaines et sociales en application : tour d’horizon de disciplines et projets soutenus
La sociologie est l’étude des relations, actions et représentations sociales par lesquelles se constituent les sociétés. Elle se distingue de la psychologie notamment par l’analyse des rapports qu’entretiennent les individus avec les normes propres aux groupes sociaux, identités et institutions.
La Fondation MUTAC a sollicité la sociologue et maître de conférences, la Dre Anastasia MEIDANI, pour diriger une étude intitulée « Fragilité, Isolement et Perception du Sentiment d’Inutilité au Grand Âge » (FIPSIGÂ). L’objectif de cette recherche, en partenariat avec l’ARESVI (Association de Recherche et d’Etude sur la Santé, la Ville et les Inégalités), est de définir le sentiment d’inutilité et de le caractériser à partir des subjectivités des individus âgés de plus de 62 ans, leur entourage et les institutions sanitaires et politiques spécifiques au vieillissement. Entre autres, l’étude montre que le sentiment d’inutilité repose également sur des logiques de classe et de différences entre les hommes et les femmes. Face à ces logiques, les personnes âgées mettent en place un travail sur elles-mêmes, un « travail de vieillir », pour résister aux étiquettes qui leur sont apposées.
La psychologie est une discipline scientifique qui étudie les faits psychiques et les processus mentaux : elle contribue, comme les autres sciences humaines et sociales, à une meilleure compréhension des comportements humains et des sociétés. Cette expertise vient en complémentarité de celle des médecins et chercheurs d’autres domaines dans plusieurs projets soutenus par la Fondation de l’Avenir.
Par exemple, le projet porté par le Dr Vincent SOLER, médecin ophtalmologue, a impliqué la Dre Jade GUENOT, psychologue et docteure en neurosciences, comportement et cognition depuis fin 2023. Le projet a consisté en l’utilisation d’un apprentissage perceptif pour améliorer les performances de perception optique chez des patients atteints de dégénérescence maculaire liée à l’âge, un déficit visuel progressif. L’approche a combiné apprentissage, stimulation électrique indolore et visualisation par imagerie.
De manière similaire, le Dr Aymery CONSTANT, spécialisé en psychologie de la santé, a participé au projet du Dr Nicolas COQUERY, docteur en neurosciences médicales, sur la prise en charge de l’hyperphagie émotionnelle, une prise alimentaire répétée et excessive lors de situations émotionnelles négatives. Ces travaux ont proposé une stratégie utilisant le « neurofeedback », une imagerie cérébrale quasi-instantanée permettant au patient de visualiser son activité cérébrale et de la moduler, ainsi que des questionnaires portant sur l’alimentation, les émotions, les événements de vie et l’activité physique.
La science économique est une discipline qui étudie les choix des individus et des sociétés dans l’utilisation des ressources et du travail, pour la production, la distribution, l’échange et la consommation de biens et de services. Dans le domaine de la santé, elle permet notamment de comprendre comment les innovations vont pouvoir être diffusées et rendues accessibles.
Dans ce domaine, la Dre Christel CASTELLI, biostatisticienne et méthodologiste spécialiste en médico-économie a mené une étude médico-économique dans le cadre du projet SENSAPNEA, soutenu par l’EIT (European Institute of Technology) Santé. Elle a étudié l’impact budgétaire d’un dispositif de diagnostic de l’apnée du sommeil à domicile. La facilité d’utilisation du dispositif devrait augmenter le nombre de patients enregistrés, améliorer la qualité de prise en charge et diminuer la consommation de soins. En réduisant le retard de diagnostic des patients, cela devrait limiter les comorbidités. Cette étude a permis une évaluation du remboursement du dispositif par l’assurance maladie afin de rendre le dispositif accessible au plus grand nombre.
La Fondation de l’Avenir a la volonté d’accentuer son accompagnement des recherches dans ces disciplines. Le Baromètre Recherche Médicale (BRM), un outil de compréhension de la recherche clinique en France, s’inscrit dans cette démarche pérenne d’inclusion des sciences humaines et sociales dans la recherche en santé : sa troisième édition sera conduite dans le prochaines semaines.
Retour en images sur le 13ème Congrès de la Fondation de l’Avenir : les temps forts de la session sur la place des malades dans la recherche
Dans le contexte du BRM, une revue de littérature en sciences humaines et sociales a été menée sur la place des malades dans la recherche. Les auteurs de cette revue, les sociologues Dre Meoïn HAGEGE et Dr Benjamin DERBEZ, ont détaillé les résultats intermédiaires lors du 13ème Congrès de la Fondation de l’Avenir le 5 décembre dernier. Ils ont présenté l’évolution socio-historique de la place des malades dans les essais cliniques et thérapeutiques, d’un consentement éclairé de tous les malades inclus à une participation revendiquée.
Revivez en vidéo les temps forts de cette session !