Face au vieillissement :  des traitements personnalisés et plus efficaces

Publié le 06/02/2025

Les baby-boomers nés en 1945 auront 85 ans en 2030. Le nombre des 75-84 ans va enregistrer une croissance inédite de 49% entre 2020 et 2030. La volonté de faciliter le vieillissement de la société et le maintien de l’autonomie doit donc aller de pair avec l’augmentation de l’espérance de vie sans incapacités. La découverte de traitements personnalisés, plus efficaces et aux effets secondaires amoindris s’inscrit dans cette logique.

Mieux soigner les personnes âgées : un enjeu de société

En 2023, l’espérance de vie à la naissance est de 85,7 ans pour les femmes et de 80 ans pour les hommes en France selon l’INSEE. Revers de la médaille de cette bonne nouvelle : les médecins peuvent être confrontés à des décisions difficiles quant aux choix des traitements à administrer à un patient senior. Ils doivent en effet tenir compte des effets secondaires qui peuvent être moins bien tolérés par l’organisme que pour un patient plus jeune, et envisager le fait que deux personnes âgées peuvent répondre de manière inégale pour un même traitement. Cette situation peut amener les médecins à rencontrer des difficultés pour évaluer le ratio « bénéfice-risque » d’un traitement, et à moins traiter les personnes âgées atteintes d’un cancer, générant des pertes de chance pour certaines d’entre elles. Compte-tenu des préoccupations éthiques et du vieillissement de notre société, répondre à cet enjeu devient un impératif de plus en plus prégnant. Les résultats du baromètre de la recherche médicale (3ème édition BRM 2024) le confirment, avec 43% des Français et 49% des médecins estimant que le traitement des cancers doit être le champ de recherche prioritaire.

Le besoin de traitements personnalisés et ciblés

Il importe dès lors de mettre en place des traitements répondant aux spécificités liées à l’âge du patient et adapté à sa trajectoire individuelle et médicale. Afin de savoir si une personne âgée pourra supporter une thérapie complexe, il est nécessaire de disposer d’informations cellulaires permettant de bien caractériser l’état de certains organes. L’étude des vésicules extracellulaires, relâchées par les cellules dans la circulation sanguine, dont le rôle est d’établir une communication entre les cellules, offre alors de précieuses informations. Ce domaine de recherche est en plein essor depuis une dizaine d’années, il ouvre des perspectives en termes de prévention, de meilleure prise en soin et de nouvelles thérapeutiques. La connaissance des modalités de communication spécifiques entre les cellules du patient âgé permettra notamment de prédire l’efficacité d’un traitement et son acceptabilité d’un point de vue « bénéfices-risques », et ce, pour de nombreuses maladies. Enfin, la réduction des effets secondaires, permettant de mieux vivre avec son traitement et de conserver une bonne qualité de vie apparaît comme une préoccupation essentielle pour le grand âge.

Image de vésicules extracellulaires dans le plasma (sang) de patient Microscopie électronique à transmission. Grossissement X 18 500 © Laboratoire Poisson

Des perspectives accrues de dépistage : le cas de la prévention des AVC liés au vieillissement de l’endothélium

Les cellules endothéliales tapissent l’intérieur des parois du cœur et des vaisseaux, elles libèrent des composés agissant sur la dilatation ou la constriction des vaisseaux sanguins. L’équipe du professeur Romaric Lacroix (centre de recherche en cardiovasculaire et nutrition, faculté des sciences médicales, Marseille) travaille au décryptage et à la compréhension des données transportées par les vésicules issues de ces cellules, constituant de nouveaux biomarqueurs potentiels.

Certains d’entre eux, une fois libérés dans la circulation sanguine, pourraient apporter des informations dans le cadre de dépistages peu invasifs (avec un simple bilan sanguin par exemple). Ainsi la prévention du risque d’infarctus du myocarde et d’AVC pourrait prendre en compte ces nouveaux facteurs de risques, en complément de celui lié à la présence de dépôt sur la paroi des artères (athérome).

Une meilleure prise en charge dans le traitement des cancers

Avec le vieillissement, les capacités de tous les organes, y compris le foie, déclinent. Ce processus est très différent d’une personne à l’autre, même à âge égal. L’équipe de la docteure Johanne Poisson, au Centre de recherche sur l’Inflammation à Paris, travaille au décryptage des données transportées par les vésicules extracellulaires afin de mieux évaluer les capacités du foie et prédire la toxicité des chimiothérapies pour une meilleure prise en charge des personnes âgées atteintes de cancer.

Pour aller plus loin : N’hésitez pas à consulter le Fonder l’Avenir n°142