Entretien avec le docteur Christophe Blanquart, directeur de recherche au Centre de Recherche en Cancérologie et Immunologie Intégrée de Nantes-Angers, lauréat de l’Appel à Projets 2021 de la Fondation de l’Avenir.
Le mésothéliome pleural malin (MPM) est un cancer rare mais très agressif, qui touche une membrane qui enveloppe les poumons, et qui résulte dans plus de 80 % des cas d’une exposition professionnelle à l’amiante. Avec son équipe, Christophe Blanquart, spécialiste des cancers thoraciques, cherche une option thérapeutique pour ce cancer dont la survie à cinq ans est inférieure à 5 %.
Comment avez-vous eu l’idée de cette recherche ?
Le traitement actuel de ce cancer n’augmente la survie des patients que de quelques mois. De nombreuses approches de chimiothérapies combinées et d’immunothérapie ont donc été engagées afin de trouver de nouvelles options thérapeutiques. Les résultats obtenus restent cependant encore très décevants.
De gauche à droite : Equipe du laboratoire et le Dr Christophe Blanquart avec Marion Lelouvier, à Nantes le 5 avril
Afin d’améliorer l’efficacité des traitements actuels ou de proposer de nouvelles approches thérapeutiques, il est indispensable de mieux comprendre comment les cellules malignes et celles de l’environnement tumoral interagissent entre elles.
En quoi consiste votre projet de recherche ?
Notre projet tente de comprendre comment la tumeur a réussi à faire taire nos défenses immunitaires afin de se développer impunément. Nous avons montré dans le mélanome, un cancer de la peau, que certains messagers, appelés microARNs, pouvaient être sécrétés par la tumeur via de petites vésicules (environ cent fois plus petites que les cellules) appelées exosomes. Ces exosomes contenant les messagers sont ensuite captés par des cellules du système immunitaire, afin de les anesthésier. Nous pensons que ce mécanisme existe aussi dans le mésothéliome et le comprendre pourrait nous permettre éventuellement de développer un nouveau traitement.
Le projet est basé sur l’utilisation d’échantillons issues de patients et donc avec un potentiel de transfert clinique important.
Cliquez sur les images pour les agrandir
Quels seront les apports pour les malades ?
Ces travaux devraient permettre de mieux comprendre les mécanismes par lesquels les cellules tumorales de MPM altèrent les réponses immunitaires anti-tumorales. Ils devraient également conduire à l’identification de biomarqueurs/signatures qui pourraient être très utiles pour sélectionner des thérapies adaptées mais aussi pour en développer de nouvelles.
Les travaux de l’équipe du docteur Blanquart s’inscrivent dans le calendrier prévu et leurs résultats sont attendus pour le 31 décembre 2023. Nous vous tiendrons informés.