Des progrès attendus dans le traitement des cancers féminins.

Des progrès attendus dans le traitement des cancers féminins.

Publié le 17/02/2016

Avec une femme sur huit touchée, le cancer du sein reste la première cause de cancer féminin et la première cause de mortalité par cancer chez la femme : 11 900 décès en 2012 (source INCA, institut national du cancer).

Les pessimistes s’arrêteront à ces chiffres, les optimistes iront plus loin en constatant qu’en 30 ans la mortalité est en recul comme pour l’ensemble des cancers, et que le taux de survie global à cinq ans après cancer du sein est de 86%. Les statistiques ne sont que des outils pour aider les chercheurs à orienter leurs travaux sur les points faibles à améliorer.

La femme en détresse à l’annonce du diagnostic doit savoir que les recherches sont actives pour lui donner immédiatement le meilleur traitement et augmenter encore ses chances de guérison. Deux des projets retenus par la Fondation de l’Avenir se focalisent sur les cancers débutants, de plus en plus nombreux avec la progression du dépistage.

La destruction du cancer du sein par la chaleur des ultrasons

Le docteur Antoine Iannessi (centre de lutte contre le cancer Antoine Lacassagne, Nice), radiologue interventionnel, étudie la fiabilité des ultrasons focalisés à haute intensité comme moyen de traitement des cancers du sein de petite taille et peu avancés. Pour traiter ces tumeurs, la préoccupation majeure reste la sécurité, tout en cherchant à alléger les procédures et les conséquences des interventions. Les ultrasons sont une des alternatives envisagées à la chirurgie avec l’avantage d’être totalement non-invasifs. Ils agissent au travers de la peau par élévation de la température, entre 65 et 85°C, sur le point focal de la tumeur.

Le centre du lit d'IRM contient le dispositif de traitement par ultrasons sous la fenêtre ronde et la patiente vient se positionner en position ventrale.

L’équipe niçoise débute un essai comparatif pour vérifier que la technique est aussi fiable que la chirurgie et standardiser les procédures. L’appareil à ultrasons est couplé à une IRM qui permet dans un premier temps de délimiter précisément la zone à détruire, de contrôler l’action des ultrasons sur la tumeur puis, dans un deuxième temps, de visualiser la zone détruite. Toute cette procédure se fait en ambulatoire, sous sédation légère.
A ce stade de la recherche, pour ne pas faire perdre de chance aux patientes, on reprend la procédure classique d’exérèse chirurgicale et l’analyse des ganglions sentinelles.

Si l’étude confirme la fiabilité de la technique, un essai randomisé, comparant chirurgie pour un groupe de patientes et ultrasons seuls pour un autre groupe, pourra être lancé.

Une méthode plus simple pour visualiser les ganglions lymphatiques

Le docteur Charlotte Ngô (hôpital européen Georges Pompidou, Paris) coordonne une recherche d’évaluation du vert d’’indocyanine, un produit colorant utilisé pour détecter les ganglions sentinelles dans le cancer du sein. Ce sont les premiers ganglions qui drainent la tumeur mammaire et que le chirurgien recherche en priorité. En effet, la tumeur peut s’étendre jusqu’au système lymphatique et nécessiter qu’une partie de la chaine ganglionnaire soit retirée.
Pour repérer ce ganglion sentinelle, le chirurgien dispose de deux techniques : l’une scintigraphique qui utilise un marqueur radioactif et l’autre visuelle qui colore directement le ganglion.
Le vert d’indocyanine est connu depuis 50 ans et utilisé pour des examens cardiaques ou encore pour le diagnostic de la DMLA. Ce colorant est autorisé pour l’identification des ganglions lymphatiques dans certains centres hors de France où la technique reste confidentielle et n’a pas encore fait l’objet de publication. Or, l’avantage du vert d’indocyanine est d’être beaucoup plus facile d’accès que la médecine nucléaire, moins coûteux, et il permet de visualiser en temps réel, en cours d’intervention, le système lymphatique, sans équipement particulier autre qu’une source lumineuse adaptée.
Pour confirmer son intérêt clinique, des résultats a priori prometteurs d’une méta-analyse sont attendus pour vérifier qu’il peut être une alternative fiable aux radio-isotopes.

Vers un traitement personnalisé du cancer de l’ovaire

Le cancer de l’ovaire est le deuxième cancer féminin le plus redouté chez la femme. Bien que moins fréquent (4 600 cas en 2012) que celui du sein, il n’en reste pas moins très dangereux (3 150 décès). Son évolution discrète et l’absence d’outil de dépistage précoce font qu’il est trop souvent diagnostiqué à un stade avancé.

Image de fusion TEP/IRM : la mise en œuvre de ce biomarqueur précoce pourrait permettre un traitement plus personnalisé.
Le docteur Anne-Laure Cazeau, chef du service de médecine nucléaire de l’institut Bergonié (Bordeaux) s’intéresse aux cas les plus difficiles. Certaines tumeurs de l’ovaire sont inopérables sans une chimiothérapie préalable, dite neoadjuvante, pour en diminuer la taille. Les chimiothérapies à base de platines sont souvent efficaces, mais les réponses sont différentes d’une patiente à l’autre.
Dans son projet, le docteur Cazeau mesure l’intérêt de coupler deux types d’imagerie, l’IRM de perfusion et la TEP.

Ces techniques apportent des informations complémentaires sur l’activité des tumeurs, leur taille et leur vascularisation. Réalisées avant, pendant et après les cycles de chimiothérapies, elles devraient fournir une évaluation précoce de la réponse tumorale et permettre d’ajuster les traitements.

Les deux recherches présentées ci-dessus sont menées en parallèle. Pourtant, elles sont destinées à se rejoindre un jour pour soigner plus vite et plus efficacement, par des traitements différents et de plus en plus personnalisés.

chiffre clès cancer

 

LES FRANÇAIS ET LES CANCERS HÉRÉDITAIRES

Afin de créer une réflexion d’envergure sur les cancers féminins d’origine génétique, la Fondation de l’Avenir et la Masfip ont souhaité la réalisation d’une grande enquête auprès des Français.

Pour en savoir plus, cliquez ici.