La crise que nous traversons actuellement démontre l’importance majeure de la recherche scientifique dans le paysage français. Depuis des années, la Fondation de l’Avenir s’attache à soutenir des projets d’excellence sur des thématiques variées. Certains produisent des résultats applicables directement au lit du patient tandis que d’autres permettent l’obtention de données préliminaires indispensables à la mise en place de nouveaux traitements ou nouvelles prises en charge.
Pendant la période du confinement, nous nous sommes attachés à vous informer sur les dispositifs et projets en lien direct avec l’actualité. Nous tenons cependant cette semaine à mettre un coup de projecteur sur différents projets, soutenus par la Fondation de l’Avenir et ayant abouti ces derniers mois. Bravo à tous les chercheurs pour leur ténacité et leurs découvertes !
Docteur Alexandre INGELS
Service d’urologie, Institut Mutualiste Montsouris, Paris
L’échographie moléculaire, une alliée dans le traitement des cancers du rein
Le docteur Alexandre INGELS, chirurgien urologue, étudie l’intérêt de l’utilisation de l’échographie moléculaire, une technique d’imagerie non invasive et accessible, pour combattre le cancer du rein. Dans un article publié en avril 2020 dans la revue
« Scientific Reports », il explique comment l’échographie moléculaire permet de prédire l’effet d’un traitement utilisé pour éradiquer les tumeurs du rein.
Les tumeurs rénales sont caractérisées par une modification de la vascularisation du rein et la présence dans les vaisseaux de molécules particulières (FSHR et VEGFR-1). L’étude menée par le docteur INGELS et son équipe, sur un modèle animal, pendant 16 mois, a montré que l’échographie moléculaire était adaptée pour visualiser ces deux molécules et évaluer l’effet d’un traitement sur leurs diminutions au cours du temps.
Ces résultats positifs permettent d’envisager la mise en place d’une étude clinique afin de proposer cette nouvelle technique de suivi aux patients au plus tôt et de mieux différencier les tumeurs rénales agressives des autres types de tumeurs.
Vous pouvez retrouver l’article du docteur INGELS en anglais ici.
Professeur Onnik AGBULUT
Institut de biologie Paris-Seine
Réparer le cœur à l’aide de biomatériaux
Les pathologies cardiovasculaires sont la première cause de mortalité en France pour les plus de 65 ans. Heureusement, ces dernières décennies, la chirurgie cardiaque et les alternatives à la chirurgie ont considérablement progressé. Dans ce contexte, l’équipe du professeur Onnik AGBULUT se penche sur la manière de réparer le cœur à l’aide de biomatériaux afin d’éviter la transplantation cardiaque. Cette dernière étant souvent très lourde de conséquences pour le patient et rare par manque de donneurs. Dans un article publié en mars dernier, l’équipe propose un nouveau produit de thérapie cellulaire « patch » constitué de matériel biologique colonisé avec des cellules cardiaques. Le but est que les cellules cardiaques constituent le « principe actif » du traitement tandis que le biomatériau fournit l’environnement propice à la survie du greffon. Le patch développé a été testé sur le cœur de rongeurs : il s’est correctement adapté et aucun rejet n’a été constaté. La prochaine étape est d’évaluer l’efficacité de ce nouveau patch dans des cas d’insuffisance cardiaque chez l’animal afin de savoir si celui-ci pourra être utilisable dans le futur chez l’homme.
Vous pouvez retrouver l’article du professeur AGBULUT en anglais ici.
Professeur Florence SABATIER
Laboratoire de Thérapie Cellulaire,
Hôpital de la Conception, Marseille
Utiliser le tissu adipeux pour réparer les cordes vocales
Le professeur Florence SABATIER, soutenue à plusieurs reprises par la Fondation de l’Avenir, est l’une des spécialistes mondiale de greffe autologue (cellules/tissus prélevés et utilisés chez un même patient) de cellules régénératrices du tissu adipeux. En effet, ces cellules, appelées fractions vasculaires stromales du tissu adipeux, présentent de nombreuses qualités. Elles sont, entre autres, faciles à obtenir, anti-inflammatoires et ont un pouvoir naturel de régénération. Pour ces raisons, la recherche concernant leurs propriétés de réparation est en pleine essor.
Dans un article publié en février dernier, l’équipe du professeur SABATIER s’est intéressée à huit patients présentant des difficultés d’élocution sévères faisant suite à une chirurgie des cordes vocales (cancer) ou à une malformation congénitale. L’équipe a pu montrer que la greffe autologue de cellules du tissus adipeux au niveaux de cicatrices des cordes vocales a permis à l’ensemble des patients suivis dans le cadre de cette étude une amélioration de leur indice de handicap vocal. Cette étude pilote montre que cette technique de greffe autologue est faisable et bien tolérée chez les patients. A présent et afin de le proposer à plus large échelle, une étude clinique de grande ampleur est en cours de préparation.
Vous pouvez retrouver l’article du professeur SABATIER en anglais ici.
Professeur Jean-François CATANZARITI,
Centre de Rééducation Pédiatrique Marc Sautelet, Villeneuve d’Asq
Comprendre la scoliose idiopathique de l’adolescent
La scoliose idiopathique de l’adolescent (SIA) est une déformation du rachis, grave, évolutive et source de handicaps : douleurs, perte de mobilité, conséquences psychologiques sur la qualité de vie. Les traitements (corset rigide, chirurgicale par blocage définitif du rachis) sont lourds, par manque de connaissances sur la cause de la SIA. Les adolescents avec une SIA ont des difficultés à stabiliser leur position debout. Pour stabiliser notre position debout, nous nous référons à la verticale gravitaire terrestre. Le professeur Jean-François CATANZARITI et son équipe ont fait l’hypothèse que dans la SIA la position debout s’organise en référence à une fausse représentation de la verticale, déviée par rapport à la verticale gravitaire terrestre. Ce sens de la verticalité a donc été testé dans une population de 30 adolescents SIA comparés à 30 adolescents en bonne santé. Il s’est avéré que chez la plupart des patients l’axe d’équilibre était décalé et que la SIA pouvait donc être une adaptation à ce déséquilibre. Etant donné ces nouvelles connaissances l’équipe souhaite proposer de nouveaux traitements plus adaptés et renforcer ses recherches sur l’origine de ce déséquilibre.
Vous pouvez retrouver l’article du professeur CATANZARITI en anglais ici.