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Retina Read Risk : le Professeur Pere Romero-Aroca nous explique tout !

Publié le 18/07/2024 Temps de lecture : 5 min

L’objectif du projet Retina Read Risk, officiellement lancé en 2022, est de développer un nouveau processus de dépistage de la rétinopathie diabétique qui, comparé aux méthodes précédemment développées, est à la fois plus sûr pour les patients et moins chronophage pour le personnel médical. Le professeur Pere Romero-Aroca, basé à Barcelone, chercheur principal du projet, nous décrypte les enjeux. La Fondation de l’Avenir est un des partenaires du consortium Retina Read Risk.

Professeur Pere Romero-Aroca, chercheur principal, Retina Read Risk

Fondation de l’Avenir : Parlez-nous un peu de vous, de votre laboratoire et de votre recherche.

Professeur Pere Romero-Aroca : En tant que professeur d’ophtalmologie à l’université Rovira i Virgili, chef du service d’ophtalmologie à l’hôpital universitaire Sant Joan de Reus et chercheur à l’Institut de recherche en santé Pere Virgili (IISPV), je me consacre depuis plus de 25 ans au diagnostic et au traitement de la rétinopathie diabétique (RD ; voir ci-dessous). Au cours des dix dernières années, mon groupe de recherche s’est concentré sur le développement de deux algorithmes : MIRA, pour la détection de la RD par lecture automatique d’images et RETIPROGRAM, qui prédit le risque de développer une RD et stratifie le dépistage de la RD entre 12 et 36 mois.

Comment le diabète provoque-t-il des lésions oculaires ?

Le diabète affecte la vision sous la forme de lésions rétiniennes appelées rétinopathie diabétique (RD), qui entraînent une baisse de la vision ou même la cécité chez les patients si elles ne sont pas détectées à temps.

Quelle est la fréquence de la rétinopathie diabétique dans la population mondiale ?

L’épidémiologie de la RD varie selon les pays. Dans les pays développés, environ 20 % des diabétiques sont atteints de la RD, avec de nouveaux cas apparaissant chez 4 à 7 % de la population diabétique chaque année, alors que dans les pays non développés, les données épidémiologiques varient en raison de la difficulté à obtenir des données fiables. On estime qu’en Afrique, entre 30 et 40 % des patients atteints de diabète sucré souffrent de la RD, les formes graves étant les plus fréquentes.

Ces lésions oculaires peuvent-elles être traitées ou évitées ?

La prévention de la RD passe par le dépistage de la rétine, grâce à des rétinographies annuelles chez les patients diabétiques. Si la RD est détectée, ou s’il existe des facteurs de risque importants sans RD, un contrôle strict de la glycémie et de la pression artérielle peut ralentir à la fois son apparition et son évolution.

Pouvez-vous expliquer le problème que vous essayez de résoudre avec le projet Retina Read Risk, la solution que vous proposez et la manière dont elle répond aux besoins des patients diabétiques ?

La prévalence du diabète dans la population est de 15 %, ce qui rend irréalisable le dépistage annuel de tous les patients diabétiques par les méthodes traditionnelles. Par conséquent, pour accéder au plus grand nombre possible de patients, le dépistage doit faire appel à différents experts et à des techniques d’intelligence artificielle. À cette fin, nous avons développé les deux algorithmes que j’ai mentionnés précédemment : MIRA, qui lit automatiquement les images, accélérant ainsi le dépistage des patients et RETIPROGRAM, qui prédit la RD et permet de stratifier le dépistage dans le temps, entre 12 et 36 mois, en fonction de neuf facteurs de risque.

Des travaux antérieurs menés dans ce domaine par d’autres groupes ont donné des résultats mitigés sur la qualité de la photographie par smartphone pour le diagnostic de la RD. Comment votre équipe entend-elle améliorer ces travaux antérieurs ?

La génération actuelle d’équipements de détection utilise des systèmes qui intègrent des téléphones portables dans l’équipement d’imagerie. Cependant, dans tous les cas, ils nécessitent la dilatation des pupilles des patients, ce qui les rend irréalisables. C’est pourquoi nous avons opté pour des rétinographes portables (NDLR : des petits appareils spécialisés pour photographier le fond de l’œil) qui, presque identiques en termes d’équipement, nous permettent d’obtenir des images encore meilleures, sans dilatation pupillaire.

Allez-vous établir des paramètres standardisés qui pourraient être utilisés par les patients et les professionnels de la santé dans le monde entier ?

Les algorithmes de lecture automatique peuvent être directement associés soit au rétinographe portable, soit à l’histoire clinique du patient. De plus, le risque de développement de la RD permet de stratifier les patients avec une fenêtre de dépistage plus longue que les 12 mois actuellement requis. Nous pensons que pour faciliter le dépistage de la RD, l’équipement d’acquisition d’images doit éviter la dilatation pupillaire et, dans la mesure du possible, être portable.